Le président de la République du Congo, Denis Sassou N’Guesso a tenu son discours traditionnel sur l’état de la nation, le 17 décembre dernier à Brazzaville, devant le parlement réuni en congrès. Retour sur quelques extraits émouvants qui ont ponctué ses 1h et demi de parole.
Dans ses premiers mots, Denis Sassou N’Guesso a eu une pensée pieuse pour tous les Congolais disparus au cours de l’année qui s’achève et une compassion pour les familles sinistrées suite aux nombreuses catastrophes naturelles «Ma compassion profonde et mes pensées les plus émues se tournent du côté de nos compatriotes et des êtres chers qui nous avons quitté en 2019. Cette épreuve n’a pas été épargné nos institutions. Je voudrais, une fois de plus, rendre hommage à la mémoire des parlementaires, des conseillers locaux et autres serviteurs de l’État disparus au cours de cette année qui s’achève. J’exprime également toute ma solidarité aux populations victimes de catastrophes naturelles (inondations, glissements de terrain, coulées de boue, ensablement des habitations), du fait des dérèglements climatiques qui, plus que jamais, représentent un véritable défi planétaire. Face à ces calamités, le gouvernement s’organise, dans la mesure du possible, pour apporter son assistance afin de gérer au mieux, en fonction de ses modestes ressources, les désastres enregistrés. Devant l’ampleur des sinistres, Je lance un appel pressant à la communauté internationale, en vue d’un appui pour une réponse plus efficace à la situation humanitaire engendrée. »
Poursuivant ses propos, le président de la République a sur un ton plus ferme, interpellé tous les dirigeants et tous les responsables, à quelque niveau que ce soit, de renouer avec le travail et l’application de la sanction pour faire valoir le droit. « La question des antivaleurs ne peut être abordée en dehors de la sanction. La rigueur dans le comportement ne peut être obtenue sans sanction. A cet effet, la loi 01 – 82 du 7 janvier 1982 sur les règles disciplinaires applicables aux agents de l’État prévoit une échelle des sanctions allant des articles 2 à 11. Les articles 12 jusqu’à 15 traitent de l’exercice du pouvoir disciplinaire et de la procédure. Et mieux, le statut général de la fonction publique, une loi datée du 14 janvier 1989, en son chapitre 3, traite du régime disciplinaire. Toutes ces dispositions sont présentées dans 38 articles consacrés à la sanction. S’agissant du code du travail, les sanctions disciplinaires sont celles prévues par le règlement intérieur de l’entreprise et qui tire sa substance de la convention collective du secteur. Il n’appartient tout de même pas au président de la République de prononcer de telles sanctions. L’on observe beaucoup d’empressement à vouloir accéder aux postes de responsabilité dans les structures de l’État. L’engouement disparaît quand il s’agit de sanctionner comme si seuls ne comptaient que les privilèges et autres avantages liés à la position administrative occupée. Assumer des fonctions appelées, dans certaines circonstances, des décisions disciplinaires à prendre et à faire appliquer. Ceux qui veulent diriger en restant innocents n’ont pas leur place là où ils se trouvent. L’efficacité que nous recherchons inlassablement n’est pas dans le laxisme. Quand on veut toujours se faire applaudir, il faut aller ailleurs. »
Par ailleurs, le président s’est dit très préoccupé par le sort des jeunes pris dans le cycle infernal de la criminalité urbaine, tout en suggérant quelques pistes de solutions. « S’agissant toujours de la jeunesse, c’est le lieu et le moment de stigmatiser cette forme de délinquance juvénile qui sévit dans les périphéries des grandes agglomérations urbaines: les BÉBÉS NOIRS, les KULUNAS et autres. La loi s’appliquera certes. Mais, ce sont nos enfants. Je place donc les parents devant leur responsabilité. Pour sa part, le gouvernement envisage de construire des centres de rééducation et de réinsertion pour ces jeunes gens qui préfèrent mettre leur énergie dans la construction du pays et non dans les raccourcis de la violence. Je rassure le Peuple que je n’accepterai pas que la paix, si chèrement acquise, soit mise en danger par la prédation irresponsable de quelque citoyen que ce soit. »

Et, il précise « dans le cadre de l’emploi des jeunes, J’annonce que le gouvernement procèdera, dès 2020, à la reprise des recrutements dans les services sociaux et prioritaires dans l’enseignement, en vue d’amorceur l ‘ augmentation et renouvellement des progressifs d’un corps enseignant en déficit de formateurs de métier. C’est ainsi que près de 2. 000 jeunes enseignants sortis des écoles normales seront intégrés à la fonction publique en 2020. Le gouvernement conduira, avec rigueur et équité, cette opération pour éviter le recrutement d’une armée de favorisés en lieu et place des enseignants de métier. Cette opération ira en s’amplifiant chaque fois que les ressources du pays le sont développées. Il nous faut aussi remobiliser l’intérêt des jeunes pour l’agriculture, le secteur d’espoir et d’opportunités. Cependant, en évoquant l’importance de leur poids démographique, n’occultons pas la forte concentration des jeunes dans nos deux principales grandes villes, Brazzaville et Pointe-Noire, puis dans les agglomérations de NKAYI et DOLISIE. » cette opération pour éviter le recrutement d’une armée de favorisés en lieu et place des enseignants de métier. Cette opération ira en s’amplifiant chaque fois que les ressources du pays le sont développées. Il nous faut aussi remobiliser l’intérêt des jeunes pour l’agriculture, le secteur d’espoir et d’opportunités. Cependant, en évoquant l’importance de leur poids démographique, n’occultons pas la forte concentration des jeunes dans nos deux principales grandes villes, Brazzaville et Pointe-Noire, puis dans les agglomérations de NKAYI et DOLISIE. »
Puis, sur la polémique concernant les prisonniers politiques, Denis Sassou N’Guesso a dit sa controverse pour situer l’opinion. «Ne fais pas ici de l’amalgame inutile. L’étiquette d’homme politique ne confère ni immunité systématique, ni exonération quelconque pour faute commise.L’étiquette d’homme politique ne place personne au-dessus de la loi. Tout citoyen, qui a des ambitions pour le Peuple, doit se garder de mépriser ou porter atteinte à l’honneur de ce même Peuple. Lorsque, quelque part, sur un préjudice causé au Peuple et à ses institutions, celui-ci est en droit de demander légitimement le repentir le plus judicieux. Ce repentir s’appelle l’humilité. L’humilité est la grande vertu des Sages. L’humilité est la sagesse des Grands. Alors, invitation Je «nous», Je dis bien «Nous», à l’humilité. La classe politique en tirera le plus grand bénéfice, la Nation aussi. »
Et, abordant le volet économique, le chef de l’État a été plus que rassurant sur les derniers progrès réalisés par le Congo pour renouer avec la croissance au terme de quatre ans de crise conjoncturelle. « Mes chers compatriotes; Comme tous les autres pays de la CEMAC, du fait du contre-choc pétrolier de 2014, le Congo a connu plusieurs années de récession et de croissance négative, avec un taux de -2,7% en 2017. Après 4 années difficiles, notre pays est sorti de la récession. L’économie nationale a retrouvé le chemin de la croissance en 2018, avec un taux de 1,4%. Elle a cru plus vite en 2019, en atteignant 4%. Le taux d’inflation est inférieur à la norme communautaire fixée à 3%. Les progrès accomplis sont incontestables et prometteurs. Le pire n’est donc pas chez nous.A la différence des années précédentes, notre pays présente un panorama mieux orienté pour poursuivre, avec courage et détermination, l’œuvre de retour aux équilibres fondamentaux et de relance de l’économie nationale. Les agrégats macro-économiques l’affichent clairement. Comme on le voit, plus que jamais, l’espoir est permis, l’essentiel étant de consolider la paix par le dialogue constructif, dans l’Unité, le Travail et le Progrès. »

Enfin, égale à lui-même, Denis Sassou N’Guesso a réitéré son engagement en faveur de la paix. « Aucune ambition n’est possible sans la PAIX. Est-il possible de parler de développement sans relever les grandes options découlant des leçons tirées de la crise actuelle dont les origines sont sous-tendues par notre forte dépendance, voire notre posture d’otage par une seule ressource, le pétrole, qui, bien que stratégique, demeure marqué par l’effondrement du prix du baril ? (…) Sous nos yeux, monte une génération de milliers de jeunes congolais de moins de trente ans. Ils n’ont pas connu les violences des années 90, ce qui, de toute évidence, éloigne notre pays des sombres et tristes souvenirs de cette douloureuse séquence de notre histoire moderne. Pourtant, nous avons l’impérieux devoir, sans remuer le couteau dans les plaies, de les instruire sur ce que nous avons vécu, afin de les aider à mieux intérioriser l’importance et les bienfaits de la paix. Il est déplorable que des hommes politiques -et pas des moindres- s’ingénient à inculquer dans les milieux jeunes, par réseaux sociaux interposés, des allégories dénotant un certain cynisme du genre «On a faim, on ne mange pas la paix» . A l’évidence, sur ne mange pas la paix. Mais, on mange mieux en paix et dans la paix. » a martelé le président.