Les femmes ont mis en cause le 22 août, l’intitulé ‘‘Promotion de la femme’’ lors de l’atelier d’écoute organisé à Brazzaville, sur le thème la problématique de la promotion de la femme et de son intégration au développement.
Le terme promotion de la femme, souligne le rapport du focus group 4 lu par l’administrateur maire de Mfilou, Sylvia Makosso Ngakabi, constitue une sorte d’aliénation et range la femme au côté des objets à promouvoir, comme étant une marchandise. Ainsi, au nombre des propositions faites à cet atelier d’écoute des femmes, figure « la reformulation de l’intitulé du ministère de la femme en excluant le terme promotion. On se dit qu’on promeut un objet. On fait une promotion de quelque chose. Mais la femme, on ne doit pas la chosifier. »

INTERVIEWS DES FEMMES ET MOT DE LA FIN DE L’ATELIER
L’atelier est organisé par le secrétariat permanent du conseil consultatif de la femme. L’objet est de favoriser le dialogue entre femmes, pour mieux recueillir leurs doléances afin de remplir le devoir constitutionnel.
La cérémonie s’est déroulée sous l’égide de la secrétaire exécutive du conseil consultatif de la femme, Antoinette Kebi, en présence des femmes parlementaires, les administrateurs maires, les conseillères présidentielle et municipales ainsi que les dirigeantes de la société civile. Toutes, honorées par la figure emblématique de la lutte pour la cause féminine au Congo, Joséphine Mountou Bayonne.

L’occasion pour ces femmes segmentées en cinq focus groups de débattre et donner des notes aux diverses problématiques qui minent leur quotidien. Avec fermeté, le focus group 1 a pointé du doigt le décalage entre « le cadre juridique préexistant et le code de la famille qui fixe à 50.000 f CFA la dot, alors que dans la pratique, le montant est excessivement bien au-delà ».
Sur l’égalité des sexes, le focus groupe 2 en note à 12 sur 20. Selon lui, les mêmes chances au Congo sont données aux hommes et aux femmes. L’école est ouverte à tout le monde. Seules les femmes elles-mêmes veulent se relayer au second plan au moment où les hommes fournissent leurs propres efforts pour aller plus loin.
L’émancipation de la femme autochtone est notée 7,6 sur 20 à cause du manque réelle de stratégies d’approche même si les textes existent, a-t-il renchéri. Poursuivant, il souligne également qu’il est difficile de voir un autochtone épouser une femme bantoue, tandis qu’il est facile pour un bantou de s’unir avec une femme autochtone.
Le même groupe a noté encore faible, 6 sur 20, pour les droits spécifiques des femmes vivant avec handicap. Cela se justifie par le manque de considération à l’égard de cette catégorie de personnes dans la construction et l’équipement des bâtiments dans le pays. Aucune mesure n’est prise dans les institutions, les hôtels et autres lieux publics pour leur faciliter le bien être, voire la bonne circulation.

S’agissant des violences faites aux femmes, le groupe a noté la moyenne allant d’un 1 à 5 sur 20. Selon lui, cette note est attribuée à cause de la quasi inexistence du service de sensibilisation et d’écoute des femmes victimes de toutes sortes de violences.
Par ailleurs, l’administrateur maire d’Igné, Camara S. Assetou révèle que l’atelier est d’une grande importance car il permet aux femmes de sortir de leur zone de confort pour s’exprimer. « On a toutes relevé les problèmes qui gangrènent la place que nous réserve la société au Congo. (…) tout comme le fait que la femme est freinée par nos us et coutumes. Nous sommes décidées à travailler dans ce sens pour notre respect dans le pays. » a-t-elle exprimé.
Quant à la conseillère à la présidence de la République, Edith Laure Itoua, le non-respect de l’égalité hommes-femmes, « n’est pas une bonne chose. On va continuer à se battre. (…) le combat est noble et il faut le mener tous ensemble dans la solidarité. »

Par contre, la députée Ines Nefer Ingani, ancienne ministre de la promotion de la femme tempête « Les femmes se bloquent elles-mêmes. Il faut que son logiciel mental change. Une femme qui montre ses capacités fait valoir sa compétence en se démarquant pour se faire connaître. »
La conseillère municipale Laudesia Esthelle Bikoumou considère que la rencontre est un point de départ qui peut réorganiser la situation de la femme pour atteindre sa revalorisation au Congo. Toutefois, elle pense qu’« aucun objectif ne sera atteint si la femme n’est pas réellement formée. Il se trouve que la formation passe par l’éducation. Il faut intensifier la communication sur les textes qui existent en faveur de la condition de la femme. Il faut également informer la femme sur sa situation, parce que c’est en connaissant et en maîtrisant au mieux ses droits qu’elle sera à même de pouvoir s’affranchir et s’affirmer sur le terrain. »

Au terme de six heures des travaux, Antoinette Kebi affirme que « les différentes problématiques examinées ont permis au secrétariat exécutif permanent de recueillir effectivement le ressorti des femmes et leur appréhension de la situation de la femme congolaise en général, ainsi que les obstacles liés à sa promotion et à son intégration au développement en particulier. (…) les recommandations qui en sont ressorties seront adressées aux autorités compétentes. »

La cérémonie a été marqué d’une mise en scène bien structurée. La scénariste a peint un tableau sombre lié aux mauvaises pratiques à l’égard de la femme congolaise. Le cas de sa sous-représentation dans la quasi-totalité des postes de responsabilité. Un message fort qui a touché l’auditoire comme quoi, la vérité se dit souvent en blaguant.