La séance de réflexion portée autour des trois thématiques qui ont ponctuées la cérémonie dédiée à la célébration de la journée internationale de la liberté de la presse, ce 3 mai à Brazzaville, a su mettre en lumière les zones d’ombre et les insuffisances qu’accusent encore les professionnels des médias du Congo.
Le professeur Robert Ludovic Miyouna, journaliste et politique avec son entrain et sa verve habituelle, a été le premier à susciter des interrogations autour du premier sous-thème : ‘‘le journalisme et les élections en période de désinformation’’. Sur ce, il a été question de dualité et de complexité sur la notion même de désinformation dite fake news et leurs auteurs.

Les échanges qui ont suivi l’exposé de l’orateur face aux professionnels de l’information et de la communication se sont soldés sur une triste réalité. A savoir : que sous la pression en période électorale, certains journalistes troquent leur impartialité contre les faveurs de certains politiques véreux.
Sous le joug de ces derniers, ces journalistes deviennent de simples caisses de résonance, prêts à falsifier même la véracité des faits. A ce niveau donc, les responsabilités sont partagées entre le journaliste et le politique, a insisté Robert Ludovic Miyouna.
Puis, le second sous-thème : ‘‘la presse congolaise face aux réseaux sociaux. Quel avenir ?’’ a été brillamment exposé par l’enseignant chercheur à l’université Marien N’gouabi, Idriss Antonin Bossoto. Ce dernier a signifié le fossé qui existe entre les médias traditionnels et les médias sociaux dans la qualité et la spontanéité à diffuser l’information au-delà du sensationnel.

Pourtant, ces deux formes de médias ont à n’en point douter un bel avenir. Si et seulement si la première accepte sa mutation vers les NTIC. Et, que la seconde se soumette à l’éthique et la déontologie professionnelle pour une concurrence loyale, sans peur ni complexe. Tout ceci pour lutter efficacement contre les fake news divulgués sur les réseaux sociaux.
Enfin, se remettant en cause, l’inexistence de l’investigation dans la pratique du métier a été révélée par le journaliste Joachim Mbadza. Il a étayé ses propos suivant le dernier sous-thème : ‘‘le journalisme d’investigation au Congo’’. De l’avis général, il ressort que ce genre exige une grande expérience et beaucoup de temps et de moyens financiers pour l’exécuter. Cela va aussi du contexte politique plus ou moins démocratique constaté en Afrique.
C’est justement à ce propos que le président du conseil supérieur de la liberté de communication, initiateur de ce grand débat, Philippe Mvouo s’est étonné du fait qu’après la tenue des assises de la presse congolaise, les journalistes congolais ont encore à l’idée que leur liberté viendrait forcement d’une volonté politique.

Ceux qui vivent ce sont ceux qui luttent a-t-il précisé en paraphrasant le penseur français, Victor Hugo avant d’ajouter : «… je pensais qu’on avait pris un élan, c’est pourquoi dans mon discours j’ai parlé d’un nouveau soleil pour les médias congolais qui s’est bien levé ce jour-là. Alors qu’aujourd’hui, on me parle encore des journalistes qui subissent des pressions (…) il n’y a pas de pressions qui tiennent ! (…) vous avez une arme importante, c’est votre métier qui garantit votre liberté… »
Cela dit, il est temps que le journaliste congolais débarrassé de ses peurs, s’approprie enfin sa liberté et s’investisse pleinement dans la recherche permanente de la vérité. Ajouter à cela, la nécessité de se former aux NTIC pour plus d’efficacité et répondre aux exigences de la concurrence.
Notons qu’à l’occasion de cette journée, les actes des assises de la presse congolaise et le code d’éthique et de déontologie professionnelle ont été remis aux responsables des médias par Philip Mvouo et le ministre Bruno Jean Richard Itoua. Ce dernier a représenté le ministre de la communication et des médias, Thierry Moungalla.