Faisant suite à la restitution des résultats de la première année de mise en œuvre du projet ‘‘Mavimpi Ya Mboté’’ le 5 avril dernier par le ministère de la Santé et de la Population et l’UNICEF, une présentation de la documentation de cette approche a été faite par un consultant international.
Cette documentation a eu pour objectif d’identifier les forces et les points d’amélioration, d’analyser le continuum des soins et faire ressortir les éléments d’amélioration induits par le modèle et de formuler des recommandations pour l’amélioration dudit modèle. Elle s’est focalisée sur les deux années de mise en œuvre dans les districts sanitaires de Loandjili pour la période allant de 2022 à 2024.
Le projet ‘’ Mavimpi Ya Mboté’’ (La bonne santé, en français) vise l’amélioration de la qualité des soins au couple mère et enfant à travers une gestion stratégique des districts sanitaires et est un modèle d’offre intégrée, d’assurance qualité et de certification des services de santé centré sur la mère et l’enfant qui vise à mettre en place un système optimisé avec comme pour objectif triple : 1) Améliorer le pilotage stratégique du district sanitaire grâce aux données de production et de façon spécifique adapté à chaque contexte par la mise à disposition des outils modernes faciles à utiliser ; 2)Rationnaliser l’utilisation des différents financements sur la santé de la mère et de l’enfant pour plus d’impact ; 3) Réduire les coûts liés à la non-qualité des soins qui représentent en moyenne 10% des dépenses de la santé.
La documentation du projet « Mavimpi Ya Mboté” a été menée à Pointe-Noire dans le district de Loandjili qui fait office de centre ‘’pilote’’ de la mise en œuvre de cette approche. Le choix de cette zone très peuplée avec des taux élevés de mortalité maternelle était pertinent. Les stratégies s’inscrivaient dans les priorités nationales visant à accélérer les progrès timides des dernières décennies. En 2 ans, cette approche innovante centrée sur le renforcement des compétences des prestataires a permis d’améliorer nettement la plupart des indicateurs clés.
Un changement de comportement vers plus de responsabilisation a été observé. L’assistance technique ciblée de l’UNICEF a été un facteur clé.
En tant que centre pilote, le district sanitaire de Loandjili a montré des performances nettement supérieures aux districts témoins sur un grand nombre d’indicateurs clés dans des domaines tels que la vaccination des enfants, les consultations prénatales, la prise en charge de la malnutrition aiguë et la qualité des accouchements assistés. De ce fait, malgré un budget limité de l’UNICEF (0,06 à 0,08 USD soit 37 à 50 FCFA par habitant), des milliers de femmes enceintes, nouveau-nés et enfants ont pu bénéficier de services de qualité.
Au-delà des résultats chiffrés, l’impact majeur réside dans la transformation durable des pratiques des prestataires grâce au renforcement de leurs compétences à travers entre autres des enquêtes, des outils d’évaluation des écarts, le monitorage, le SONUB, les soins aux nouveaux nées. Ceci a été accompagné par plusieurs innovations qui valorisent ce projet tel que : 1) le développement de l’outil numérique NIYAM-BOOSTER pour évaluer les performances ; 2) l’expérimentation du financement communautaire basé sur la performance ; 3) le bracelet électronique pour la gestion de l’hypothermie chez les petits poids de naissance.
Le projet repose largement sur les ressources humaines et financières locales, bien que la gestion des personnels bénévoles reste un défi. Les résultats émanant de la documentation mentionnent de ‘’Mavimpi Ya Mbote’’ ce qui suit :
• Une approche innovante combinant différents processus (analyse des compétences, monitorage décentralisé, cocréation communautaire, accompagnement personnalisé des prestataires par des experts/facilitateurs etc.) a été mise en œuvre.
• Des progrès significatifs ont été observés dans l’offre et la demande de services de santé maternelle, néonatale et infantile.
• Le district pilote de Loandjili a montré des performances nettement supérieures aux districts témoins sur la plupart des indicateurs clés tels que : La vaccination des enfants, les consultations prénatales, la prise en charge de la malnutrition aiguë, la qualité des accouchements assistés
• Un système de certification des centres de santé basé sur un score de performance global a été développé, avec des résultats encourageants.
• Le développement d’outils numériques pour l’analyse des scores de performances
Au vu de ces résultats très encourageants qui confirment le fort potentiel de ce projet pour relever les défis de la mortalité maternelle et infanto-juvénile au Congo, le consultant indépendant Dr Hamadassalia Touré a recommandé le renforcement du leadership national, la révision des critères de certification des centres de santé, l’implication active des autorités locales et la réalisation des études de coûts détaillées du projet et les modalités de prise en charge des populations pauvres.
En République du Congo, malgré des progrès enregistrés ces dernières années, il existe encore un taux élevé de mortalité maternelle et infanto-juvénile. Cette approche « Mavimpi Ya Mboté » qui vise à accélérer les progrès à travers un paquet d’interventions à haut impact, constitue une piste prometteuse pour améliorer durablement la qualité des soins de santé primaire pour la mère et l’enfant au Congo et confirme son fort potentiel pour relever les défis de la mortalité maternelle et infanto-juvénile au Congo. A cet effet, il est envisagé une extension progressive du projet à d’autres districts de Pointe-Noire et Brazzaville.