Gustavine LOUZOLO est l’une des rares femmes vivant avec handicap à bénéficier de la formation en conseil stratégique et opérationnel qu’a organisée le Réseau des consultants en mission (RCM). Une plateforme d’opportunités d’affaires qui favorise l’échange en domaine de l’offre et de la demande entre entreprises.
Selon une enquête du cabinet DB conseils, près de 80% des entreprises locales font recours aux services des consultants internationaux pour pallier aux problèmes dont elles font face. Dans le souci de valoriser l’expertise nationale, le RCM a formé 70 consultants. Ils ont officiellement été présenté au grand public le 12 novembre 2024 à Brazzaville, lors de la toute première édition de la bourse congolaise des affaires (BCA).
« Plusieurs fois nous avons entendu dans les médias, les cercles restreint, qu’il manque de la compétence et de l’expertise au Congo, ça nous a révolté. Pendant 14 mois nous nous sommes réunis et nous avons organisé les sessions de formation pour former des consultants qui aujourd’hui mettent à la disposition du public et des clients, le fruit de leur expertise », explique le président de la plateforme, Patrice Passy.
Parmi ces professionnels formés, on dénombre les cardiologues, les dentistes, les managements, les juristes, les administrateurs et autres.
« Maintenant en tant que consultante, je vois les choses autrement. J’apporte les solutions aux problèmes des handicaps parce que c’est une problématique le handicap. Mon but est d’apporter une solution au problème de handicap parce que je suis moi-même handicapé », confie avec beaucoup d’amertume, l’ambitieuse Gustavine.
Par la même occasion, elle critique sous un temps engagé, le manque des institutions pour les personnes comme elle. « Les sourds par exemple, ils n’ont que deux métiers : la couture et la menuiserie. Ils n’ont pas un lycée. Ils font le brevet d’étude technique (BET) puis c’est fini. Ce, par le fait que rien n’est prévu pour eux. Or, parmi ces sourds il y a de ceux qui peuvent faire maintenance ou médecine ».
Elle appelle à cet effet, le gouvernement congolais à revoir le système éducatif spécialisé. Surtout, les plans de construction des édifices. Pour améliorer le quotidien des personnes vivant avec handicap.
Qui est Gustavine Louzolo ?
Gustavine Louzolo est la présidente du Collectif Lamuka, qui œuvre pour l’autonomisation des femmes handicapées et des mères des enfants handicapés. Elle est le fruit d’un grand optimisme et incarne l’estime de soi.
Elle est, en effet, la première fille ayant subi un greffage de muscle à l’âge de 6 ans, grâce aux actions de la Fondation Congo assistance que dirige la première dame du Congo. Avec la collaboration de l’ONG hollandaise sur un pied d’égalité, en 1984 lorsqu’elle avait 7 ans.
Lorsqu’elle a pris connaissance de son handicap, elle s’est engagée à devenir infirmière et s’en est sortie diplômée d’état. Ensuite technicienne supérieure en laboratoire.
Outre le domaine de la santé, elle a su développer d’autres compétences. Notamment, en technique agroalimentaire. Elle est également experte en genre et inclusion social, certification en VBG. Aujourd’hui, référent national handicap, formée par le cabinet DB Conseil Paris, membre du Réseau des consultants en mission.
« Pour moi, le projet maison handicap Congo, c’est ma raison d’exister et le souvenir que je lègue aux générations futures. C’est une innovation sociale et j’ai voulu rendre la problématique du handicap plus structurée au Congo.
Âgée de 46 ans, Gustavine Louzolo est célibataire et mère de deux filles (9 ans et 3 ans), « j’ai eu les enfants après avoir eu le travail pour ne pas dépendre des autres. » Etant la première fille de sa famille, elle est également première consultante en handicap. « La vie n’est pas un hasard » a-t-elle confié.